Avec les affaires qui se succèdent en Corée du Sud, une ancienne affaire non résolue refait surface dans le pays.
Si les scandales qui nous occupent actuellement sont déjà particulièrement sombres, sachez que cette affaire est probablement plus sombre encore, et que l’implication de personnes haut-placées au sein de cette affaire semble empêcher Jang Ja Yeon d’obtenir justice encore aujourd’hui, 10 ans après son décès.
Sachez qu’il sera difficile de citer des sources dans cet article car les articles publiés au sujet de cette affaire ont tendance à disparaître très rapidement après leur publication en Corée du Sud…
Jang Ja Yeon a débuté en tant qu’actrice en 2006, trouvant rapidement le succès dans sa carrière grâce à son rôle dans ‘Boys Over Flowers’. Le 7 Mars 2009, à l’âge de 29 ans, elle est toutefois retrouvée pendue dans son appartement, et la police conclut rapidement à un suicide, notamment suite aux déclarations de sa sœur, qui avouait que Jang Ja Yeon lui avait dit dans l’après-midi «qu’elle était stressée et qu’elle avait envie de mourir.»
Elle était pourtant sur le point de prendre un vol pour passer des vacances avec des amis, des vacances auxquels elle n’aura finalement jamais eu droit.
Peu après, il sera révélé que la jeune femme avait été abusée physiquement et sexuellement par de nombreuses personnes influentes de l’industrie, des révélations qui ont fait grand bruit en Corée du Sud en 2009.
Parmi les coupables arrêtés par la police et condamnés, on retrouve le PDG de l’ancienne agence de Jang Ja Yeon, Kim Sung Hoon. Après les témoignages de trois personnes, il est prouvé que Kim Sung Hoon forçait les filles de son agence à se prostituer en les faisant se rendre à des soirées où des personnes de pouvoir dans le monde du divertissement avaient tout le loisir d’abuser d’elles physiquement et verbalement. L’homme a alors été condamné à un an de prison ferme et à deux ans de prison avec sursis, et a dû donner 24 600 euros à la famille de Jang Ja Yeon. L’agent de la jeune femme est également reconnu coupable pour des chefs d’accusation similaires.
Mais les choses sont plus compliquées et beaucoup plus étranges que cela…
Selon un informateur et une source anonyme au sein de la police, Jang Ja Yeon aurait laissé une lettre d’adieu avant de se suicider, lettre qui serait constituée de 7 pages A4. Pourtant, la police et de très nombreux articles publiés dans certains médias à l’époque ne font mention que de 4 pages dans la lettre d’adieu de Jang Ja Yeon.
Dans sa lettre, Jang Ja Yeon dénonce les gens qui auraient abusé d’elle sexuellement, et c’est ainsi qu’une enquête est menée à l’encontre des dix personnes qui seraient mentionnées dans la lettre en question. Malgré tout, une grande partie d’entre eux sont des personnes influentes et la police ou la justice les déclare innocents sans même creuser à leur sujet. A l’exception du PDG et de l’agent de Jang Ja Yeon, les autres suspects s’en sortent sans une enquête poussée à leur sujet.
D’autres personnes voient leur cas être transmis au Bureau du Procureur, comme celui de M. Cho, accusé de harcèlement sexuel envers Jang Ja Yeon, et dont au moins un témoin déclare l’avoir vu «forcer Jang Ja Yeon à s’asseoir sur ses genoux encore et encore, alors qu’elle était déjà contrainte de lui servir à boire. Et il n’arrêtait pas de toucher son corps.» Mari d’une procureur, M. Cho voit alors son nom être lavé très rapidement par le Bureau du Procureur par ‘manque de preuves’…
Les années suivantes, les amis et connaissances de Jang Ja Yeon auxquels la jeune femme se serait confiée sur ce qu’elle avait subi décèdent à leur tour… Eux aussi sont retrouvés morts, et la police conclut encore et encore à des suicides…
Alors que l’affaire se tasse, on apprend finalement quelques années plus tard que Jang Ja Yeon avait dressé les noms de 31 personnes influentes en Corée du Sud dans les 7 pages de sa lettre de suicide, et qu’elle accuse ces 31 personnes de l’avoir violée plus d’une centaine de fois. Cette liste est finalement supprimée par la police, et dès que quelqu’un tente de la poster sur internet en Corée du Sud, elle disparaît en un temps record…
Une liste partielle des 31 noms a plus tard été retrouvée. On y retrouve notamment :
– Bang Sang Hoon, PDG de Chosun Ilbo
– Bang Myung Hoon, Vice-président de Sports Chosun
– Lee Jae Young, Directeur de Publicité de JoongAng Ilbo
– Lee Woong Ryeol, président de Kolon
– Shin Kyuk Ho, président de LOTTE
– Go Dae Hwa, PDG de Olive 9 et ancien producteur de KBS
– Jun Chang Geun, producteur de KBS
– Jung Seho, producteur de KBS, MBC, et SBS
– Jun Gi Sang, le producteur de Boys Over Flowers
– Song Byung Joon, producteur musical de Boys Over Flowers et d’autres dramas
L’année dernière, l’émission ‘PD Note’ s’était intéressée à l’affaire, interrogeant un enquêteur de l’époque. Ce dernier avait confirmé avoir reçu des pressions pour mettre un frein à son enquête, déclarant : «Je me suis personnellement senti insulté et plein de honte. Je me rappelle que Chosun Ilbo a vigoureusement protesté. Ils parlaient de pouvoir politique, ils me menaçaient. Ils voulaient que je ne mentionne pas le nom du PDG Bang Sang Hoon.»
A l’époque, le PDG de Chosun Ilbo avait d’ailleurs été interrogé par la police… dans sa propre salle de conférence, et pendant… 35 minutes à peine, alors qu’il était supposé être l’un des principaux suspects…
Avec l’énorme scandale de corruption révélé par les récents événements, cette affaire revient donc en pleine lumière. Et le plus surprenant est que peu d’articles sont publiés à ce sujet dans les médias coréens. Plus étonnant encore, les articles à ce sujet obtiennent rapidement des tas de vues et de réactions de la part du public, mais les portails tels que Naver s’arrangent étrangement pour que ces articles ne se retrouvent jamais en première page, endroit où sont recensés les articles les plus populaires et les sujets ‘tendance’…
Avec les récents événements et la curieuse façon dont l’affaire Jang Ja Yeon est passée sous silence à chaque fois qu’elle ressort, il faut bien avouer qu’il y a de quoi se poser des questions sur le niveau de corruption dans le système sud-coréen, d’autant qu’il ne faut pas remonter bien loin pour retrouver à la tête du pays une présidente avec le scandale de corruption le plus grand de l’Histoire, à tel point – faut-il le rappeler – qu’elle a été destituée de ses fonctions et traduite en justice.
Une amie de Jang Ja Yeon, Yoon Ji Oh, a témoigné à 12 reprises depuis le décès de Jang Ja Yeon, mais ses témoignages n’ont jamais été enregistrés par la police. Blacklistée en tant qu’actrice en Corée du Sud pour avoir tenté de témoigner en faveur de Jang Ja Yeon, la jeune femme avait dû s’exiler au Canada.
Ce 5 Mars, Yoon Ji Oh a alors sorti ‘Le 13ème témoignage’, qui parle des suspicions au sujet de l’enquête réalisée à l’époque, de la liste de noms, et du combat pour que Jang Ja Yeon obtienne justice.
Elle y déclare : «C’est un enregistrement de la vérité, pour moi, et pour elle. C’est un enregistrement des choses qui ne devraient plus jamais se reproduire et des regrets que nous ne puissions plus poursuivre nos rêves. J’ai ressenti de la culpabilité de ne pas avoir vu, de ne pas avoir réalisé qu’elle me tendait la main, et j’ai fait le 13ème témoignage. Toutes ces années, je suis restée silencieuse, et j’ai rassemblée mes pensées. Maintenant, je souhaite que la vérité soit révélée.»
Ce 13 Mars, la jeune femme a été placée dans le système de protection des témoins. Elle réside depuis dans un lieu sécurisé mis en place par le Ministère de l’Egalité des Genres et de la Famille.
Si toute cela a une grande importance aujourd’hui, c’est parce que l’affaire sera officiellement close le 31 Mars si rien n’est fait. Dès le 1er Avril, l’affaire sera définitivement abandonnée, et les véritables coupables qui tirent les ficelles ne seront jamais arrêtés si personne ne fait rien maintenant.
Une pétition a donc été envoyée à la Maison Bleue pour empêcher la fin de la date limite et permettre une réouverture de l’enquête, et 600 000 personnes l’ont déjà signée. Pour signer cette pétition et aider Jang Ja Yeon à obtenir justice, vous n’avez qu’à suivre ce lien, à cliquer sur le bouton bleu, et à vous connecter avec Twitter, Facebook ou KakaoTalk.
Honnêtement, je ne crois pas facilement aux théories du complot. Mais cette affaire me semble bizarre, même à moi, surtout en jetant souvent un œil aux portails coréens, et en voyant à quel point cette histoire semble enterrée dès que quelqu’un tente de la ressortir de terre… Alors s’il vous plaît, même si vous ne croyez pas aux théories du complot, signez la pétition et faites en sorte que ceux qui l’ont poussée vers ce destin tragique soient traduits en justice.